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Le 5 février 1956
DEUX SORTES DE SOUFFRANCE
Comment surmonter la souffrance ?
Le problème n'est pas aussi simple que cela. Les causes de la
souffrance sont innombrables et sa qualité aussi diffère grandement, quoique
l'origine de la souffrance soit unique et provienne de l'action initiale d'une
volonté antidivine. Pour la facilité de la compréhension, on peut classer les
souffrances en deux catégories distinctes, quoique dans la. pratique elles se
trouvent très souvent mélangées.
La première est purement égoïste et provient du fait de se
sentir lésé dans ses droits, privé de ce dont on a besoin, offensé, démuni,
trahi, blessé, etc., — toute cette catégorie de souffrance est clairement le
résultat de l'action adverse et non seulement elle ouvre la porte de la
conscience à l'influence de l'adversaire, mais elle est un de ses plus puissants
moyens d'action dans le monde, le plus puissant de tous si on y ajoute sa
conséquence naturelle et spontanée : la haine et le désir de vengeance chez les
forts, le désespoir et le désir de mourir chez les faibles.
L'autre catégorie de souffrance dont la cause initiale est la
douleur de la Séparation, qui est l'œuvre de l'adversaire, est totalement
opposée dans sa nature : c'est la souffrance née de la compassion divine, la
souffrance de l'amour compatissant à la misère du monde quels qu'en soient
l'origine, la cause et l'effet. Mais cette souffrance-là, d'un caractère
purement psychique, ne contient aucun égoïsme, aucun retour sur soi, elle est
pleine de paix, de force, de puissance d'action, de foi en l'avenir, de volonté
de la victoire; elle ne s'apitoie pas, elle console; elle ne s'identifie pas au
mouvement ignorant des autres, elle le guérit et l'illumine.
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Il va de soi que dans la pureté de son essence, seul ce qui est
parfaitement divin peut éprouver cette souffrance-là; mais partiellement,
momentanément, comme des éclairs derrière les sombres nuages de l'égoïsme, elle
apparaît chez tous ceux qui ont un cœur vaste et généreux. Cependant, le plus
souvent, dans la conscience personnelle, elle se mélange à ce triste et mesquin
retour sur soi qui est la cause des dépressions et des défaillances. Mais
lorsqu'on est assez vigilant pour refuser le mélange, ou tout au moins pour le
réduire au minimum, on a vite fait de s'apercevoir que cette compassion divine
est basée sur une joie sublime et éternelle qui seule a la force et le pouvoir
de libérer le monde de son ignorance et de sa misère.
Et cette souffrance-là aussi, ne disparaîtra de l'univers
qu'avec la disparition totale de l'adversaire et de toutes les conséquences de
son action.
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